Le geste sonore et culturel
Les ateliers sont collectifs, élaborés comme des laboratoires d’expériences sonores spontanées, dans une démarche d’exploration et de création affranchie de tout cadre normatif. Ils incitent à l’émergence et à la conscience du geste musical, favorisent la rencontre avec la matière sonore, le corps, un instrument ou la voix.
L’éducation au geste passe par un laboratoire sonore d’expériences spontanées. Les musiciens pédagogues orientent l’enfant vers de nouvelles possibilités d’exploration, d’échanges et de partage en groupe dans l’objectif de construire le geste musical, de tendre vers une plus grande maîtrise de celui-ci. Les propositions des enfants et des adultes permettent à chacun d’investir sa propre découverte.
La pédagogie s’appuie sur une transmission orale favorisant le rapport direct au son, incitant au geste et à l’effort de mémoire. Incités à découvrir comment les instruments peuvent être joués, les enfants sont stimulés sans être entravés dans leur motricité.
En fortifiant la relation entre le geste et le son, on affine l’engagement corporel qui donne accès à l’expression musicale. La maîtrise de ces gestes conduit l’enfant à prendre conscience qu’il est au cœur même de l’expérience musicale : il est déjà musical ; il est donc déjà musicien.
À travers l’improvisation et l’ouverture aux différents modes de jeu (entrechoquer, cogner, frotter, claquer, gratter, secouer, souffler, caresser…), l’enfant, ainsi que l’adulte, est invité à rencontrer de manière créative l’instrument et la diversité des langages musicaux. Jeux de timbre, d’intensité, de durée, d’imitation etc., les possibilités de l’expression sonore et musicale sont sans limite ! Cette expérience d’invention et de recherche est riche même pour l’enfant qui ne pratiquera jamais d’autres formes de musique. La pédagogie de l’éveil musical à la Philharmonie n’est pas seulement une préparation à d’autres pratiques, c’est en soi une expérience musicale complète.
Au-delà de l’instrumentarium occidental, les enfants découvrent des instruments issus de nombreuses traditions orales, toutes présentées de manière égale ; l’exploration de ce parc est en elle-même une ouverture au monde.
On y trouve des instruments comme le tbilat marocain, le tambour des foires, l’ektara d’Inde, le tambour perse, la harpe irlandaise, le didjeridoo aborigène, le gamelan de Bali, le koto du Japon, le thérémine, les structures Baschet, le kantele de Finlande et le tambour amérindien. Les instruments sont des outils de développement du sens musical plutôt que d’apprentissage de techniques. Les enfants sont sensibilisés aux instruments (forme, matériaux, fabrication), explorent les timbres et modes de jeux caractéristiques de cultures très divers avec spontanéité. Les instruments servent la créativité individuelle et enrichissent l’expression musicale collective. C’est par le biais de ces instruments que peuvent se rencontrer la diversité des cultures du public de l’éveil musical, enfant et parent, et permettre des moments de complicité, de retrouvailles avec leur propre histoire, tel ce papa redécouvrant une berceuse de son enfance ou cette maman retrouvant le davul, instrument que jouait son propre père au pays.
Résidence artistique en crèche - Le petit Phil
Grigny (91) - Juin 2024
Transcription
C’est un moment d’éveil musical et sensoriel avec des artistes musiciens, des professionnels de la petite enfance, des enfants et du jeu pour créer du lien. C’est ce qu’on essaie de faire, c’est de créer du lien ce genre.
Oui, ça demande une énergie spécifique, je dirais. C’est pas l’énergie du sportif ni celle du joueur d’échec, mais c’est un truc entre les deux. Et chaque séance est différente parce qu’on n’a pas toujours les mêmes propositions de la part des enfants.
Je sens une évolution dans le sens où en fait plus ça va, plus on rentre dans la profondeur des échanges, donc par la musique et l’attention aux enfants, ce qu’ils proposent, l’observation et le jeu, l’humour des enfants, le partage de cet humour, les réponses, questions-réponses, tous ces échanges.
Oui. J’apprends toujours des choses parce qu’il y a toujours tellement à observer. À chaque fois on a affaire à, évidemment, enfin on travaille avec des enfants mais avec de l’humain, des êtres humains, on est tous là et on se rencontre à cet endroit-là, à ce moment-là. On ne sait pas où on va aller mais c’est comme la musique, tu démarres, tu sais que tu as une fin et puis le chemin entre les deux, ça va être de l’imprévu, l’improvisation et d’observer certains enfants, enfin d’observer les enfants, de jouer avec eux, il y a des attitudes, des interactions encore une fois, des altérités, des créations et des sensibilités différentes.
J’ai rêvé ou la petite, elle est métamorphosée aujourd’hui. Métamorphosée. Métamorphosée, par contre. C’est impressionnant, on a eu trois séances avec rien et aujourd’hui, tout d’un coup. Ah oui, puis elle a chanté. Elle chantait un peu quoi. Si je n’ai pas entendu. Elle a chanté Aboroma, elle a appris aussi à la petite quoi. Oui, oui, elle a chanté. C’est la qui nous a emmené dans les jeux beaucoup sur les pierres. Tout à fait.
On fait vraiment ce chemin ensemble et en général, on a deux heures d’atelier et deux heures de débrief au minimum. C’est pour ça qu’il nous faut du temps souvent pour redescendre un petit peu. Donc voilà, c’est comme un spectacle. De toute façon, les ateliers d’éveil, c’est toujours comme un spectacle. Chaque atelier, c’est une création artistique.
Claire, Agathe et moi, on n’a pas toujours envie de faire la même chose. On a un parc d’instruments qui est assez gros pour faire plusieurs séances très distinctes. Ça dépend de plein de choses et aujourd’hui, c’était franchement, c’était un peu magique aujourd’hui.
Il y a eu de la bienveillance des uns avec les autres, il y a eu le respect aussi je trouve du jeu des uns avec les autres et les enfants allaient, peu importe vers l’adulte, les enfants allaient tous vers eux-mêmes aussi, enfin, entre enfants, entre musiciens, et toutes ces interactions là ont vraiment rayonné. C’était une très belle matinée. C’est toujours une belle matinée parce qu’on apprend toujours plein de choses de toute façon.
Je me sens sur un petit nuage, là, un peu. Je déconnecte complètement de tout quand je fais ça en fait, je suis vraiment avec l’enfant, avec mes collègues, et on joue quoi, et quand on joue, on s’occupe de rien d’autre, donc voilà, il faut que je me remette dans un timing, je sais pas combien de temps on a joué, j’ai eu l’impression que ça a duré un quart d’heure, finalement ça fait 2 heures, et voilà, il faut que je me remette dans le temps.
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