Enfants et familles

La Philharmonie accueille le public dans ses espaces éducatifs pour différents formats d’activités : séances ponctuelles ou hebdomadaires, ateliers du week-end, ateliers des vacances, ateliers-concerts...

Pédagogie du geste musical

L’exploration du monde par les instruments

Grâce à la richesse du parc instrumental mis à leur disposition ainsi qu’aux styles musicaux très variés (musiques traditionnelles, classiques, actuelles…) maîtrisés par les musiciens intervenants, les enfants explorent une grande variété de champs sonores. Ils peuvent voir, entendre et expérimenter des pratiques, des timbres et des modes de jeu du monde entier. L’espace de l’atelier est organisé selon une scénographie qui met en valeur les instruments et les traditions choisis, favorisant ainsi l’immersion dans cet univers sonore et culturel.

Les interactions au sein du groupe

Cette proposition est destinée aux familles au sens large (parents, grands-parents, amis proches, etc.) et s’ouvre de fait aux liens intergénérationnels. Les ateliers favorisent en effet les interactions entre les enfants et entre l’enfant et l’adulte.

L’atelier est un moment privilégié pour tisser au sein du groupe des liens sonores, musicaux, pour jouer et prendre plaisir à le faire. Au cours des explorations, des jeux de regard, des interactions musicales et sensorielles émergent, s’approfondissent et enrichissent l’expérience de chacun. Une complicité se crée entre tous, enfants et adultes, invitant à se rencontrer des personnes de générations et d’horizons divers. Qu’ils soient habitués à la Philharmonie ou de passage à Paris (pendant les vacances par exemple), les participants sont tous impliqués dans ce collectif sonore inédit, qui les enveloppe et les surprend à la fois.

Dès lors que tous investissent conjointement l’activité, partagent les explorations musicales et les émotions qui en naissent, chacun s’enrichit de l’autre, toutes générations confondues.

Adultes et enfants se découvrent autrement que dans leur quotidien. Chacun est là, sur un même pied d’égalité, devant les instruments et les propositions offertes par le musicien intervenant. Le partage de l’espace et des objets de l’atelier incite à jouer avec des personnes au départ inconnues, le temps d’une heure, et de créer un moment musical unique et convivial.

Le rôle de l’adulte

Le parent est accueilli à double titre : en tant qu’accompagnant de l’enfant et en tant que participant du jeu musical, au même titre que l’enfant. Lui aussi se laisse surprendre et devient acteur du partage musical tout en soutenant son enfant dans ses expérimentations. Il mémorise naturellement les possibilités d’échanges et d’apprentissages avec l’enfant.

Le musicien pédagogue va lui-même transmettre, implicitement ou explicitement, au cours de l’atelier, des pistes de prolongement à la maison qui feront résonner ce qui a pu être découvert.

Pédagogie par l’écoute

Éveiller à la curiosité de l’écoute

Écouter le timbre d’un instrument et les différentes textures que l’on peut produire avec lui, ou bien écouter son camarade jouer, ou le musicien pédagogue à l’œuvre, ou une musique enregistrée, c’est aussi l’éveil musical et sa pratique; elle fait partie intégrante de notre pédagogie.

Écouter c’est vivre une expérience musicale, appréhender les éléments constitutifs du son, ressentir les nuances, la densité, le tempo, la vitesse, etc. On ne cherchera pas forcément dans un premier temps à qualifier le son qu’on écoute ou qu’on produit. Cela intervient au fur et à mesure du développement de l’enfant. Ce dernier est prioritairement invité à exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il s’imagine, ce que le son génère chez lui.

En effet, l’enjeu est de percevoir, même sans le verbaliser, le sonore, le contraste, la matière, l’organisation du son. En éveil musical, les sensations sont mises en lien avec un son et tous les paramètres sonores sont travaillés en même temps. L’essentiel n’est pas que l’enfant apprenne en éveil musical le vocabulaire technique, ni qu’il sache situer avec précision l’origine géographique ou le style musical.

La découverte de répertoires et d’esthétiques musicales diversifiées permet à l’enfant de se familiariser, non seulement avec la richesse des traditions musicales du monde mais aussi avec des principes d’organisation et de paramètres musicaux tels que les nuances, les contrastes, les accumulations, les clusters, etc. L’écoute des répertoires permet également de nourrir l’imaginaire de chacun, explorer en soi ses émotions et développer son goût. Tout cela enrichit les futures improvisations libres et dirigées ainsi que les gestes instrumentaux de l’enfant.

Il y a une véritable attention portée dans la pédagogie de l’éveil musical au fait de ne pas diffuser trop de répertoires déjà surreprésentés. Par exemple, lors de l’atelier du voyage Sur les pas d’un jardin japonais, nous transmettons une chanson enfantine très peu connue, Le chant des grillons.

La pédagogie de l’écoute vivante de l’atelier-concert

Le public entre alors que la musique a déjà commencé, signe qu’elle est première. Les familles sont immédiatement plongées dans l’écoute.

Dans le temps de l’atelier-concert, proposé aux 3 mois / 3 ans et leurs parents, le choix est fait d’une alternance d’œuvres connues et d’autres rarement jouées avec ce type de formation. Musique russe des 19e et 20e siècles, airs d’opéra, musique française des 19e et 20e siècles, liés à une œuvre (Shéhérazade), jazz, yiddish, tzigane, liés à des compositeurs (Debussy, Stravinsky).

Ces choix permettent d’entendre des changements de tempi, d’intensités, de densité et de couleurs dans un temps très concentré. Le public réalise qu’il n’y a pas un programme bien à écouter. Au même titre qu’il n’y a pas dans la pédagogie de l’éveil musical à la Philharmonie de classement entre les instruments.

Les interactions sont imbriquées dans le temps musical. Chacun devient musicien et la musique vient rencontrer les familles à travers les gestes, les mouvements, la manipulation des instruments. Pour cela, les gestes, les rythmes, les mouvements, les jeux vocaux sont exposés suffisamment longtemps.

La variété des interactions permet de se saisir d’une ou plusieurs propositions selon l’âge ou en fonction du développement et des goûts de l’enfant.

Le public va aussi ressentir tout au long de l’atelier-concert, les liens entre les artistes et leurs liens à la musique. Il va puiser dans cette énergie lors des interactions et sentir de quelle façon le mouvement, vécu dans les interactions, vient de la musique.

Ce travail d’exploration commune amène à la création d’une forme d’interaction collective révélant la force du groupe.

Écouter c’est vivre une expérience musicale, appréhender les éléments constitutifs du son, ressentir les nuances, la densité, le tempo, la vitesse, etc. On ne cherchera pas forcément dans un premier temps à qualifier le son qu’on écoute ou qu’on produit. Cela intervient au fur et à mesure du développement de l’enfant. Ce dernier est prioritairement invité à exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il s’imagine, ce que le son génère chez lui.

Exemple avec le programme des Petits pas dansés (sur une évocation de Pierre et le Loup)

À partir des personnages de Pierre et le loup, l’atelier-concert voyage entre musiques populaires et musiques classiques interprétées au piano et diverses percussions (timbale, vibraphone, gong, caisse claire…). Morceaux originaux et créations se succèdent, parfois sous forme de collage musical, créant un dialogue entre Debussy, Chopin, Ravel, Prokofiev, Rossini et Balakirev. La comptine de ce programme musical est finnoise ; ce choix délibéré d’une comptine non-francophone permet dans un premier temps de rechercher la musicalité sans s’attacher aux paroles, mais peut aussi créer aussi un attachement culturel.

Pédagogie musicale par le récit

La pédagogie de l’éveil musical s’appuie largement sur le parc instrumental du département Éducation qui possède des objets venant de nombreux pays. Elle offre l’occasion d’initier enfants et familles à la richesse des traditions du monde en s’accompagnant des récits contes et mythologies du patrimoine universel.

La diversité des timbres (cuivres guerriers, appeaux aériens...), des matières (minérale, végétale…), en relation aux traditions (slave avec la figure mythologique Baba Yaga, grecque avec la narration d’Ariane et le minotaure…) permet au public de s’approprier les récits par le jeu musical, d’exprimer les émotions qui s’y rattachent, de figurer les paysages et les espaces naturels autant qu’imaginaire.

Le récit devient le support de l’apprentissage musical. « Il était une fois... » est une entrée magique pour l’enfant, et l’adulte. Un épisode du récit, ou un simple mot, est une introduction à la fois symbolique et concrète à l’instrument, qu’il relève du monde occidental ou des traditions orales (Asie, Amérique du Sud, monde arabe...).

L’instrument est en lui seul une possible entrée dans l’univers musical du récit. Voici par exemple, la lyre crétoise spécialement fabriquée pour l’éveil musical:

La lyre crétoise du parc éveil, racontée par son luthier :

Exemples d’activités

Deux propositions d’éveil musical construites à partir de mythes, contes et légendes d’ici et d’ailleurs.

Ariane et le Minotaure

Inspiré de la mythologie grecque, l’atelier du voyage - mais aussi sa variation sous le format d’un parcours d’éducation artistique et culturelle pour les classes maternelles et élémentaires - est tissé d’évocations musicales des différents paysages décrits dans le récit (le port d’Athènes, les bateaux à voile, la Méditerranée, les plages de la Crète, le labyrinthe, etc.) et centré sur la création sonore de l’histoire de Thésée, Ariane et le minotaure. Enfants, familles partent à la rencontre du Minotaure prisonnier de son labyrinthe, symbolisé par un sac de marin, un sac à sons dont l’exploration se fait exclusivement au toucher et à l’écoute.

Rêves, mythes et instruments

Ce parcours d’éducation artistique et culturelle s’adresse aux enfants en classe de CP et CE1. Il est dédié à deux mythes de cultures autochtones : Le Temps du rêve des aborigènes australiens et l’attrape-rêves des lakotas. De la Montagne Rouge aux Plaines Sacrées, les enfants, tels les Anciens, voyageront nomades à travers les vastes territoires de leurs rêves. Légendes, contes, symboles picturaux de l’art aborigènes, découverte des instruments (rhombe, kartal, didgeridoo, clave, maracas, tambour de cérémonie, mélopées vocales, corne de buffle, bâton de pluie, arc en bouche...), écoutes de musiques traditionnelles, la ballade sera la création du monde sensible élaboré avec les enfants et leurs enseignants. De nombreux instruments traditionnels ont été acquis dans le cadre de cette proposition.

Pédagogie par le voyage

Transmettre une tradition - la relation de celle-ci à l’enfance, ses sonorités musicales et ses rythmes, son répertoire adapté constitué de rythme et de chant traditionnels, mais aussi du timbre de ses instruments - est l’objectif de nombreux ateliers d’éveil musical.

En effet, celui-ci noue un lien entre la vie interne de l’enfant et le monde extérieur. Cette sensibilisation à la diversité musicale participe à l’ancrage spatio-temporel. Il participe à la valorisation d’une culture familiale préexistante mais aussi à sortir de la connaissance préconçue de l’instrument. En parallèle, l’atelier suscite la curiosité et propose une ouverture à des musiques extérieures à l’environnement familial ou culturel de l’enfant, qui se trouve alors baigné dans les références musicales du monde.

En atelier, les instruments de musique, supports d’histoire représentatifs de nombreuses régions du monde, sont présentés dans toute leur diversité et la richesse de leur culture respective.

Certes, le musicien pédagogue fera entendre les harmonies, les vibrations, la diversité des modes de jeu, mais il incitera chacun à les explorer, les expérimenter, les jouer et à les organiser dans des mises en œuvre pédagogiques collectives, dans le respect de leur contexte organologique et traditionnel.

Exemples d’activités

Java : lames et gongs du gamelan

L’atelier du voyage propose une halte en Indonésie sur l’île de Java et une découverte de la tradition du gamelan, ensemble d’instruments indissociables les uns des autres, comme les doigts d’une main. Après avoir symboliquement parcouru la distance entre Paris et l’île, nous contextualisons les paysages et la faune avec l’évocation des animaux qui peuplent la forêt de Java, l’observation du serpent-dragon qui orne les portants des gongs, mais aussi la respiration des épices. Vient ensuite la circulation dans le cercle des marionnettes traditionnelles Rama et Sinta tout en écoutant un court extrait de gamelan javanais. Là aussi il s’agit d’un éveil musical et sensoriel : le toucher de la fraîcheur des lames, leur poids, leur odeur, tout autant d’invitations à éprouver la tradition musicale.

Pédagogie musicale et nature

Le public est invité à construire une proposition artistique collective, sensible et musicale autour des matières minérales et végétales. Il s’agit d’une aventure musicale et familiale, où sont traversées différentes expériences sensorielles faites de matériaux, d’objets, d’instruments du monde parfois inattendus et souvent hors du commun.

Le public est invité à construire une proposition artistique collective, sensible et musicale autour des matières minérales et végétales. Il s’agit d’une aventure musicale et familiale, où sont traversées différentes expériences sensorielles faites de matériaux, d’objets, d’instruments du monde parfois inattendus et souvent hors du commun.

L’atelier invite à ressentir la relation à ce qui nous entoure; le public y est incité à questionner son écoute du monde, à percevoir autrement les sons qui les accompagnent au quotidien, l’environnement dans lequel nous évoluons.

La qualité esthétique de l’installation étudiée pour chaque thématique d’atelier joue un rôle majeur auprès du public. Tous rentrent dans un espace-temps hors du commun en sollicitant l’imaginaire de chacun. La scénographie offre un univers différents (plaines, forêts, montagnes, cieux et éléments) dans des temporalités multiples (nuit, jour, aujourd’hui ou il y a des centaines d’années...). La luminosité joue également un rôle essentiel, mettant en place une ambiance singulière propre à la thématique des ateliers.

Exemple d’activités

De pierres et d’oiseaux

Cette thématique nous emmène dans un paysage minéral immuable (colline, montagne, lande) bercé et modelé par le courant des vents (rose des sables). Les différentes caractéristiques sonores des pierres sont exploitées, invitant à la création de rythmes primitifs et à une cacophonie instinctive représentant la terre et une certaine tension. La stabilité du paysage, représentée par une nappe sonore, rencontre des ornementations volubiles qui rappellent l’envol, la légèreté de l’oiseau.

De bois et de papier

Cet atelier nous invite à voyager en utilisant un instrumentarium végétal pour donner la parole aux papiers et aux bois. En explorant les matières par l’observation et le toucher, l’odorat et l’ouïe, une métamorphose s’opère, transformant le bois en papier et suscitant une réflexion sur les similitudes entre ces matériaux. Les éléments qui nous entourent servent d’inspiration pour imaginer ce moment musical. Les contrastes entre la légèreté des papiers et la densité des bois nous invitent à créer au-delà du connu.